(RE)découvrons notre ville - Maison Simon-Bailleux, avenue Emile Reuter

Maison de rapport Simon-Bailleux in Mersch François Luxembourg Belle Epoque Guerre et Paix Luxembourg 1978 p 99.jpg

(RE)découvrons notre ville - Maison Simon-Bailleux, avenue Emile Reuter

Notre capitale, vous pensez bien la connaître ? Bien, détrompez-vous ! Certains bâtiments, devant lesquels vous passez régulièrement cachent une histoire particulière. Dr Robert L. Philippart est un véritable expert en la matière et va vous emmener à travers la ville découvrir ces histoires cachées qui vous feront voir d’un autre œil certains bâtiments emblématiques.

Maison Simon-Bailleux, avenue Emile Reuter

Ce magnifique hôtel situé jusqu’en 1976 à l’ancienne Avenue de l’Arsenal (aujourd’hui Avenue Emile Reuter) présentait une façade de style haussmannien et était en pierre de taille sculpté. Quatre médaillons aux effigies de légionnaires romains cernaient les fenêtres du premier étage. Des arabesques en bas-reliefs ornaient les champs entre les ouvertures.  Un balcon à garde-corps ajouré couronnait l’entrée à deux pans menant vers les appartements.  Il reposait sur deux consoles à têtes de fantaisie se développant d’un feuillage d’acanthe. Au deuxième étage, les décors étaient moins opulents. Ils présentaient des tympans ornés de rosaces, de guirlandes et de quatre colonnes en bas-reliefs coiffés de chapiteaux corinthiens. Deux tenants ornaient la mansarde centrale elle-même décorée d’une rosace sur son linteau. L’immeuble était cerné par des lésènes. Le rez-de-chaussée présentait deux magasins ; le bel étage était réservé au logement des propriétaires et le second était donnée en location, comme les professions libérales ne bénéficiaient à l’époque pas d’allocations de retraite. Le troisième étage servait à loger les domestiques, et le grenier fut utilisé pour sécher le linge. Côté rue, se trouvait une bouche discrètement aménagée dans la façade. Ce fut ici que furent livrés les charbons pour le chauffage central. Signalons encore le décrottoir près de l’entrée aux parties privées. Cela rappelle qu’au moment de la construction de l’immeuble en 1876, les trottoirs n’étaient pas encore partout en place et que le parc aux chemins simplement sablés fut proche. Suite à la démolition de l’immeuble les tenants et guirlandes de la façade furent intégrés dans la façade du restaurant « Belle Epoque » à Remich, qui à son tour disparut au début des années 2000.

Cette maison exceptionnelle comptait parmi la première génération d’immeubles élevé sur les îlots jadis occupés par les ouvrages militaires. La prescription officielle du plan d’agrandissement de 1873 de construire à deux étages et à façades symétriques garantit à la ville une population aisée habitant des immeubles hygiéniques à grandes fenêtres, reliés à la conduite d’eau, au gaz et à la canalisation. Ces nouveaux quartiers représentaient une plus-value en qualité de vie par rapport aux quartiers anciens construits du temps de la forteresse. Le Gouvernement, qui fut à l’origine de ces aménagements, interdit l’aménagement de jardinets le long des avenues, dont le but était de drainer les flux vers le centre historique. Les immeubles à front de rue pouvaient proposer des cabinets de professions libérales ou des commerces logés au rez-de-chaussée, alors que les jardinets le long des boulevards assuraient le calme aux résidents de ces voies de liaison.

L’immeuble connue sous le nom de « Maison Simon Bailleux » aurait été une œuvre de commande pour un comte russe. En réalité, ce furent l’ébéniste Pierre Specht (1824–1898) et son épouse Anne-Marie Kauffmann (1830–1895) qui firent construire ce magnifique immeuble.  Le couple était encore propriétaire d’une maison de maître avec jardin au boulevard du Prince Henri. En 1876, l’immeuble fut le premier à être construit sur la section de l’avenue entre le boulevard Royal et ce boulevard. Pierre Specht y exploitait jusqu’en 1895 son commerce de mobilier qu’il exposait dans les surfaces réservées au commerce. Sa fille Jeanne, ancienne élève du Conservatoire de Gand donna des leçons de chant et de piano à leur domicile au premier étage. L’autre surface commerciale fut exploitée par la chocolaterie de Madame de Finance-de Paques, puis par le confiseur Jean Bernhoeft, frère du célèbre photographe Charles Bernhoeft. Au décès de Pierre Specht, l’immeuble fut acquis en 1895 par Eugène Beck, propriétaire d’une fabrique de brosses au Rollingergrund. Arthur Ledrut s’y établit à l’ancienne enseigne Specht avec ses articles de chauffage au gaz et de sanitaires. La société Jean Simon-Bailleux spécialisée dans la production de carreaux de pavement pour usines et trottoirs, matériaux de constructions, poteries, vases, bustes et sanitaires fondée en 1908 y avait établi ses bureaux et salles d’exposition en 1919. En 1937 elle aménagea des dépôts et ateliers à Bonnevoie. Les salles d’expositions restaient à l’Avenue Emile Reuter jusqu’en 1970. L’enseigne n’occupait plus les deux surfaces commerciales. Elle donna l’une (direction boulevard Royal) en location à Edmond Lambert qui y exploitait un commerce de radios, phonographes et de disques, puis à partir de 1958 à 1973 à l’épicerie Wirtz.

Il est à noter que depuis la vente de l’immeuble Specht en 1895, les étages de l’immeuble furent progressivement loués par des professions indépendantes et servaient de moins en moins au logement

Photo : Maison de rapport Simon-Bailleux in Mersch François Luxembourg Belle Epoque Guerre et Paix Luxembourg 1978 p 99

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